Une initiative de

Andres Vergara

Core

Salut, je m'appelle Andres Vergara et je cultive les myrtilles, les pommes et les kiwis en Chile. La majorité des exploitations Core se situent autour de Chillán, dans le sud de Santiago dans la région Bio-Bio, dans la vallée centrale du Chili. En raison de son activité volcanique passée, cette région présente les sols les plus fertiles du Chili. Il n’est donc pas étonnant que la ville de Chillán soit devenue un centre important de la production agricole. Le vin, les céréales, les fruits et les légumes sont les principaux produits de cette région.

Toutes les exploitations Core ont leur propre propriétaire en charge de la gestion, en collaboration avec des agronomes qualifiés. Ces agronomes donnent non seulement des conseils généraux quant aux pratiques de gestion de base ou des conseils spécifiques aux nouvelles cultures, mais ils fournissent également des informations utiles sur les pratiques de l’agriculture biologique. Puisque l’agriculture biologique est un processus d’apprentissage continu, ces échanges sont essentiels à la réussite des exploitations Core.

Outre des conseils pratiques, Core publie régulièrement des brochures d’information dans lesquelles les pratiques biologiques sont parfois évoquées.

Les produits biologiques issus des exploitations Core sont exportés vers les États-Unis et l’Europe depuis 1991, date à laquelle la première exploitation Core a été certifiée biologique. Cette exploitation a joué un rôle particulièrement important dans la formation d’autres producteurs biologiques au Chili. Elle est fréquemment visitée par des étudiants universitaires et présentée sur la chaîne de télévision nationale.

 

Interview avec Jose Hidalgo

N&M : Jose, vous êtes connu au Chili pour votre production biologique. Comment avez-vous décidé de vous engager dans l’agriculture biologique ?

Jose : Il y a 25 ans, j’étais en Suisse et je suis allé voir un supermarché. J’ai vu des fruits chiliens sur les étalages. Ils étaient très beaux, fermes, frais et sans taches. À côté, il y avait une pile de fruits biologiques beaucoup moins attrayants et deux fois plus chers. Lorsque j’ai vu une femme acheter des fruits biologiques, je me suis approché et je lui ai demandé : « Pourquoi ne prenez-vous pas ces magnifiques fruits qui viennent de mon pays ?» Elle a répondu : « Ces pommes biologiques sont naturelles et viennent de la campagne, aucun pesticide n’a dû être utilisé. Je pense qu’elles sont meilleures pour ma santé. » Ce fut une véritable prise de conscience pour moi. Les consommateurs européens n’achetaient pas les fruits selon la qualité de leur aspect mais selon une qualité qualifiée de « biologique ».

N&M : Est-ce à ce moment-là que vous avez commencé votre conversion à l’agriculture biologique ?

Jose : Non, car je ne savais pas comment m’y prendre. Tout d’abord, j’ai étudié tout ce que je pouvais trouver sur l’agriculture biologique. Il n’y avait pas grand-chose à ce moment-là. Je suis revenu en Suisse et j’ai observé le beau maïs d’un de mes amis. En réalité, il avait utilisé un engrais basé sur un plus grand pourcentage de matière biologique que ceux utilisés au Chili. J’avais bien évidemment des connaissances sur la matière biologique acquises au cours de mes études mais je n’avais pas été convaincu de son importance en termes de fertilisation. Mon point de vue a changé lorsque j’ai vu le maïs de mon ami.

N&M : Cela vous a-t-il convaincu de changer ?

Oui. Dès mon retour, j’ai commencé à expérimenter cette méthode dans mon exploitation. Un test a montré de grandes différences entre un maïs cultivé avec un engrais conventionnel et un maïs cultivé avec du compost brut. J’emploie le terme « brut » aujourd’hui car depuis j’ai appris beaucoup plus de choses sur le compost. Lorsque le maïs cultivé avec du compost est apparu plus beau, j’ai compris que l’agriculture biologique était la marche à suivre. J’ai poursuivi mes expériences.

N&M : Quel élément a eu le plus d’impact sur votre exploitation ?

Jose : Le compost assurément. Pour la production de kiwis par exemple, cela m’a permis de réduire le nombre de plants par hectare. L’augmentation de la fertilité du sol a justifié un développement plus naturel des plants restants et un accroissement de la production de fruits. Je pense qu’il existe un lien direct entre ce qui se passe sous la terre et au-dessus. Aujourd’hui, mon rendement est plus élevé qu’avant alors que j’avais plus d’arbres.

N&M : Existe-t-il d’autres avantages ?

Jose : Oui, la réduction du nombre de plants par hectare a permis d’avoir plus de lumière et d’air pour le verger et nous avons eu moins de problèmes de champignon. Je n’ai pas eu besoin d’utiliser de fongicides. Je n’ai jamais aimé utiliser ces pulvérisateurs chimiques. Ainsi, l’agriculture biologique a offert une alternative saine à de nombreuses pratiques agricoles. Le changement de méthode s’est fait naturellement. Je me suis converti progressivement et, à partir de 1991, toute mon exploitation était biologique.

N&M : Produisez-vous encore les mêmes cultures que celles que vous cultiviez avant de vous convertir à l’agriculture biologique ?

Jose : En principe, oui. Mais, bien sûr, nous avons introduit de nouvelles cultures. Nous poursuivons nos expériences. Il y a quelques années, nous avons cultivé des citrouilles et cette année, nous avons planté des myrtilles pour la première fois. Il était difficile de les obtenir au Chili, alors nous avons commencé à cultiver seulement quelques plants dans notre pépinière.

N&M : Êtes-vous fier de votre réussite ?

Jose : Oui, bien sûr. Je souhaiterais que davantage de producteurs chiliens se convertissent à l’agriculture biologique. Je fais de mon mieux pour les informer. Chaque année, plusieurs classes de jeunes étudiants de l’université de Santiago viennent sur mon exploitation pour s’informer sur l’agriculture biologique. Je pense qu’ils sont très intéressés mais tous n’auront pas la chance de pratiquer l’agriculture biologique à l’avenir car très peu d’entre eux possèdent une exploitation. Vous voyez, c’est un autre problème. Les propriétaires terriens ne sont pas encore intéressés par l’agriculture biologique et ceux qui sont favorables à ce type de culture ne possèdent pas d’exploitation. Cette situation doit également évoluer.

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