Taner Bugay

Agro Tareks

Bonjour, je m’appelle Taner Bugay et je cultive des citrons, des pamplemousses, des oranges, des minneola et des mandarines biologiques en Turquie pour Nature & More, en collaboration avec dix autres producteurs. Notre entreprise se nomme Tareks LTD et nos vergers sont situés dans le sud de la Turquie, près de la ville d’Adana.

Ma motivation pour me convertir au biologique a été principalement personnelle. Nous avons eu plusieurs cas de maladie dans notre famille et je suis devenu convaincu que les pesticides étaient la cause de ces problèmes de santé, surtout pour des producteurs qui utilisent de tels produits de façon hebdomadaire. En plus de ça ils sont nocifs pour la nature : ils tuent les insectes non nuisibles et ont un impact négatif sur la vie dans le sol. Ainsi, deux ans après avoir créé notre entreprise, je me suis converti au biologique. C’est une merveilleuse idée d’approvisionner en fruits sains tant de gens au travers de l’Europe ; et de pouvoir ainsi contribuer à leur qualité de vie.

Interview:

N&M : Que préférez-vous dans votre travail?
Taner : «J’aime travailler avec la nature. On peut sentir son énergie autour de soi dans le verger. J’ai beaucoup appris depuis que je me suis converti au biologique. Avec l’approche biologique, on ne se bat pas contre des épidémies, des maladies, on essaie de les prévenir. On doit connaître le cycle de vie des insectes pour savoir quand lancer une action, et cela suffit. Nous ne les exterminons pas, nous en laissons toujours quelques-uns en vie. Quelques fruits seront affectés mais nous pourrons les utiliser pour notre compost. On apprend beaucoup d’astuces lorsqu’on travaille avec l’équilibre de la nature. Au début ça fait un peu peur, car on n’a aucune garantie, mais quand on voit que ça marche c’est une superbe récompense. »

N&M : Qu’en pensent vos collègues producteurs?
Taner : « Au début, ils sont toujours un peu réticents, car ils sont habitués à l’approche conventionnelle. Mon collègue le plus important a commencé très prudemment avec un seul champ d’arbres biologiques, mais ensuite il est devenu plus enthousiaste et il a converti au bio tout le reste de sa production. La première chose qu’ils apprécient, c’est que cette nouvelle approche préserve l’environnement et la santé de leurs employés. Ensuite ils apprécient de pouvoir mieux vendre leurs fruits de second calibre, en effet dans le biologique on regarde davantage la qualité globale que la petite tâche sur la peau. La compréhension et l’enthousiasme viennent avec le temps. »

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Sol

Le sol dans la région d’Adana est bien adapté à la culture d’agrumes. Au début, Taner devait importer de la farine de plumes d’Allemagne pour nourrir son sol, mais en 2004 il a commencé à fabriquer son propre compost. Depuis qu’il l’applique dans ses vergers, il n’a rien besoin d’y ajouter. Il fabrique son compost avec des déchets verts issus de la taille, avec du fumier de vaches et de moutons et avec les restes de fruits. Il en résulte une riche biodiversité du sol dans ses vergers et une qualité de la terre qui ne fait que s’améliorer chaque année. Cela déclenche beaucoup d’enthousiasme chez Taner : « C’est formidable de voir comment un amas puant peut graduellement se transformer en un compost qui sent bon le sol forestier. »

Biodiversité

En dépit d’une biodiversité de la flore limitée, ces vergers biologiques sont considérés comme un habitat très attrayant par beaucoup d’animaux. On y trouve beaucoup de serpents, d’oiseaux, et particulièrement de nombreuses abeilles. Les rongeurs nuisibles sont tenus à distance par les serpents er les oiseaux de proie. Les arbres sont taillés de telle façon que les oiseaux de proie peuvent plonger entre pour chasser les petits animaux présents sur le sol du verger. Taner garde sous contrôle les insectes nuisibles en utilisant leurs ennemis naturels, il a également recours à leur achat et les répand lui-même dans son verger.

Les vergers des Taner offrent relativement peu de place pour le développement d’une biodiversité végétale. Les serpents étant nombreux dans la région, le sol des vergers est gardé nu pour éviter aux travailleurs d’être mordus. Taner préfère ne pas avoir trop d’arbres et de plantes sauvages dans et autour des vergers, car, selon lui, cela attire souvent des insectes nuisibles.

Société

Le développement personnel et l’éducation sont cruciaux pour la liberté d’esprit. Taner est convaincu de l’importance de l’éducation et s’assure que ses employés n’amènent pas leurs enfants avec eux dans le verger quand c’est l’heure de l’école (une chose que ses employés essaient parfois de faire). Un des autres producteurs de son groupe a financé une école locale. En tant qu’agriculteur biologique, Taner est un exemple pour les autres producteurs de la région, dix d’entre eux se sont déjà convertis à l’agriculture biologique.

Les droits de l’homme et l’égalité sont des principes importants pour Taner. Parmi ses employés, plusieurs groupes ethniques sont représentés. Ces employés ont un représentant et un chauffeur qui vivent sur l’exploitation et prennent souvent des initiatives pour améliorer les conditions de travail du groupe. Régulièrement se tiennent des réunions de travail. C’est le même groupe de personnes qui travaille avec Taner depuis quatre ans aujourd’hui.

La solidarité c’est respecter les besoins primaires des autres, tels que la sécurité, un salaire raisonnable et un logement décent. En Turquie, la rétribution des travailleurs est fixée lors d’une négociation avec les syndicats en début de saison. L’information est diffusée dans toute la région, chacun connaît donc ses droits. Il était auparavant normal de transporter en camion les employés jusqu’au verger, mais aujourd’hui un bus navette est utilisé, ce qui est plus confortable et permet de les assurer. Comme aucun pesticide n’est utilisé, les conditions de travail des employés de Taner sont bien plus saines qu’ailleurs.

Climat

Pendant le printemps, Taner doit parfois lutter contre les effets du gel. Pour cela, il utilise un important système de propulsion de combustibles, pour hausser la température juste au-dessus du seuil de gel. Taner a acheté un propulseur qui fonctionne au GPL plutôt qu’au diesel, c’est plus propre et moins nocif pour l’atmosphère. Sa station d’emballage utilise l’électricité du réseau national, dont une grande partie est d’origine éolienne en Turquie. Taner estime qu’il utilise approximativement la même quantité d’énergie qu’un producteur conventionnel. Dans l’avenir, il envisage de déménager sa station d’emballage et d’installer, sur le nouvel emplacement, des panneaux solaires et de l’énergie hydraulique pour répondre en partie à ses besoins en électricité.

En tant qu’agriculteur biologique, Taner applique plusieurs techniques bénéfiques pour l’atmosphère. Il composte ses déchets verts, ce qui réduit les émissions de méthane. Par l’application du compost, plus de carbone se fixe dans le sol. Il n’utilise pas de pesticides, ce qui réduit fortement ses émissions directes et indirectes d’oxyde d’azote (un gaz à effet de serre très nocif). Une autre amélioration importante réside dans le fait que Taner prévoit de déménager sa station d’emballage pour l’installer sur le verger: cela lui permettra d’économiser 60% de carburant pour le transport. Concernant l’utilisation des énergies fossiles – allez également consulter la section « énergie ».

Eau

Taner possède un puits de 60 mètres de profondeur d’où provient l’eau nécessaire à l’irrigation du verger. Auparavant, il avait recours à l’irrigation par submersion, mais cela utilisait plus d’eau que nécessaire et causait une érosion et le ruissellement des nutriments. Aujourd’hui il utilise un système d’irrigation au goutte à goutte, ce qui économise beaucoup d’eau et respecte le sol. Cette approche ne rivalise pas avec l’approvisionnement en eau potable, l’eau issue de l’irrigation retourne dans le sol propre et non affectée.

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